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signal. Après les invasions normandes, elle n’avait trouvé que ruines ; tout un siècle s’usa en guerres, en luttes entre les barons descendants des anciens petits rois émigrants, parmi lesquels la maison des comtes de Rennes acquérant une prépondérance chaque jour moins contestée, assurait les bases du prochain établissement de la monarchie ducale de Bretagne. Tout Breton vivait de la guerre et par la guerre. Guerre au dedans, entre le duc et les grands vassaux, quand ce n’est pas des grands vassaux entre eux : au dehors, guerre sans trêve contre l’Anjou et la Normandie jusqu’au jour où l’immense puissance des Plantagenet, maîtres à la fois de l’Anjou et de la Normandie, rendit toute résistance impossible. Tels sont les seuls actes de la politique bretonne durant le xie siècle. L’abus de la force et du fer, l’anarchie féodale dominaient également l’Église. Sur les ruines des sanctuaires et des cloîtres, amoncelées par les Normands, vivait scandaleusement un clergé ignorant et simoniaque ; les seigneurs laïques s’étaient emparés des paroisses et des dîmes et en trafiquaient ; les prêtres, les évêques eux-mêmes se mariaient publiquement afin de transmettre héréditairement à leurs enfants les bénéfices dont ils faisaient un fief de famille. C’est ainsi qu’on vit une dynastie épiscopale de plusieurs générations sur le siège épiscopal de Quimper et sur celui de Dol. Le grand homme et le grand saint qui s’éleva le premier et le-plus énergique pour lutter, contre ces désordres sacrilèges, Robert d’Arbrissel, était lui-même fils d’un prêtre.

Mais tout le monde sait que c’est à Rennes même que Robert exerça d’abord son zèle de réformateur ; archidiacre de son diocèse natal sous le pontificat du prédécesseur immédiat de Marhode ; il laissait à celui-ci le soin de recueillir les prémiers fruits de ses ardents travaux. Marbode trouvait donc tout vivant l’écho de la parole incomparable de Robert ; il pouvait suivre la trace toute fraîche de ses pas apostoliques ; et pour