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gent, et plus tard sur le duc Conan, la haute estime et la confiance sans limites de la bienheureuse Ermengarde, dont il fut toujours le conseiller fidèle et dévoué.

L’épiscopat de Marbode ne fut donc ni stérile pour son diocèse, ni sans consolations pour lui ; et à vrai dire, le grand déboire de sa vie lui vint, non de Rennes, mais d’Angeus. Il nous l’a raconté lui-même dans une lettre vraiment-éloquente de tristesse et d’amertume.

Geoffroy de Mayenne, déposé par le Souverain-Pontife, était docilement descendu du siège episcopal d’Angers, et s’était retiré dans le cloître de Cluny. On procéda au choix de son successeur, et durant ces élections, où les influences diverses se combattaient, le peuple, sans attendre les résultats du vote ecclésiastique, proclama tumultueusement un jeune seigneur angevin, qui n’était pas encore entré dans le clergé, mais dont la famille était influente et bien posée, et qui passait lui-même et à bon droit, il le prouva plus tard, pour un homme de haute valeur ; il se nommait Rainaud de Martigné. Ce choix fut vivement combattu par le chapitre, et surtout pas le doyen Guillaume et l’archidiacre Étienne, qui paraissent avoir été mus par des sentiments moins avouables que le pur zèle de la discipline ecclésiastique. Mais ce zèle seul animait des adversaires bien autrement redoutables de Rainaud. C’étaient les evêques et les abbés de la province de Tours, véritables électeurs au point de vue canonique, et parmi lesquels on comptait des hommes tels qu’Hildebert, évêque du Mans, Guillaume, abbé de Saint-Florient, et Geoffroy, abbé de Vendôme.

En face de cette opposition redoutable, Rainaud sut profiter des circonstances et se fit agréer par le duc et par la noblesse d’Anjou, et surtout il gagna un patron dont l’influence devait aplanir tous les obstacles. C’était Marbode. Rainaud avait été son élève. Marbode se jeta dans la lutte avec l’ardeur d’un