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nul ne se méprit sur la sincérité et la portée de son repentir, il supplia Marbode de prendre en mains l’administration du diocèse d’Angers pendant son absence.

C’est pendant cette administration intérimaire que Marbode approuva la fondation de l’abbaye de Nyoiseau, témoignage indiscutable de ses relations avec Robert d’Arbrissel et ses disciples. Un autre témoignage non moins irrécusable, c’est la lettre écrite par lui au B. Vital pour solliciter l’admisision à l’abbaye de Savigny d’une pauvre jeune fille dont les parents ne pouvaient pas payer la dot : « Faites droit à ma demande, très-doux frère, écrit-il à Vital, je vous en supplie, je ne dirai point pour l’amour de moi, mais pour l’amour de Celui qui est le père des orphelins et le juge des veuves, à la condition que si jamais vous avez besoin de mes services, je vous rendrai celui-ci avec le zèle qui sera en mon pouvoir. » Quand on rapproche cette lettre de celle écrite à Robert d’Arbrissel lui-même, et dont nous ayons déjà parlé, est-impossible d’admettre que les deux soient écrites par la même main et par le même cœur ? Un troisième témoignage peut être joint aux deux premiers. Ce fut Marbode qui bénit et consacra la première abbesse de Saint-Sulpice.

Nous avons dit comment, à propos de Raynaud de Martigné, Marbode s’était trouvé en contradiction avec Geoffroi de Vendôme et avec le vénérable Hildebert, évêque du Mans. Entre ces âmes élevées et ces nobles cœurs, un dissentiment de principes ne pouvait pas dégénérer en une querelle de personnes ; Udabbé de Vendôme se rapproche sans arrière-pensée de l’évêque de Rennes ; et comme Hubert, grand chantre de la cathédrale d’Angers, en témoignait son étonnement : « Vous me reprochez, dit Geoffrey dans la sixième lettre du livre V de ses Épître, vous me reprochez la bonne intelligence qui règne publiquement entre l’évêque de Rennes et moi. Certes, un fait de cette nature, pour quiconque n’est pas