Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 2 an III.djvu/114

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moi, monsieur ? On ne me l’a pas dit. Bien loin d’avoir refusé de vous recevoir, je desirais ardemment de vous voir encore. Parlez-vous sincèrement ? reprit-il d’un ton un peu radouci. Quoi ! vous ne seriez point fière, point inhumaine, point dure de cœur ? en ce cas ; venez avec moi, venez visiter l’humble et le pauvre, et consoler le malheureux et l’affligé.

À cette invitation, Cécile, malgré l’envie qu’elle avait de faire du bien, fut saisie d’une sorte d’effroi ; la singularité du personnage, son enthousiasme, son ton d’autorité, l’incertitude du lieu et des gens chez lesquels il pourrait la conduire, lui firent craindre d’aller plus loin. Cependant une curiosité généreuse, de voir ainsi que de soulager les personnes qu’il lui recommanderait, jointe à la ferveur et à l’empressement qu’elle avait de se justifier de la dureté qu’on venait de lui reprocher, l’emportèrent sur son irrésolution ; et faisant signe à son laquais de la suivre d’aussi près qu’il lui serait possible, elle s’abandonna à la conduite de