Page:Burnouf - Introduction à l’histoire du bouddhisme indien.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
58
INTRODUCTION À L’HISTOIRE

finition, je me contenterai de faire observer que les exemples allégués pour la soutenir pourraient être empruntés au Lotus de la bonne loi, où se trouve en effet la parabole de la maison enflammée et celle des plantes médicinales. C’est une preuve de plus en faveur de la conjecture que j’ai exposée plus haut touchant l’analogie plus ou moins grande qui doit exister entre le Fa hoa king chinois et le Lotus de la bonne loi des Népâlais.

12o « Upadêça. Ces livres traitent des doctrines ésotériques. »

M. Hodgson a déjà contesté la justesse de cette définition, en faisant remarquer que les termes d’Upadêça et de Vyâkaraṇa, qui sont familiers aux Buddhistes du Népâl, n’expriment pas plus nettement que ceux de Tantra et de Purâṇa la distinction qui doit exister entre la doctrine ésotérique et la doctrine exotérique[1]. Cette critique nous apprend que le terme d’Upadêça est synonyme de celui de Tantra ; et dans le fait plusieurs des ouvrages cités par la liste de M. Hodgson, avec le titre de Tantra, sont rapportés à la catégorie des Upadêças. Je n’ai cependant vu ce nom sur aucun des Tantras que j’ai examinés, et je crois qu’il faut, comme pour le plus grand nombre des articles analysés tout à l’heure, y reconnaître un des éléments des écritures buddhiques plutôt qu’une classe distincte de ces écritures. La définition des auteurs chinois confirme, ce me semble, cette supposition. « Ce mot, disent-ils, signifie instruction, avis. C’est, dans tous les livres sacrés, les demandes et les réponses, les discours qui servent à discuter tous les points de la loi, comme dans le Fa hoa king le chapitre Ti pho tha to, où le Bôdhisattva Tchi tsy discourt avec Wen chu sse li sur la loi excellente[2]. » On voit par là que les Buddhistes chinois entendent le mot Upadêça dans son sens propre, et que si ce terme a une application spéciale à une portion particulière des livres buddhiques, c’est par une sorte d’extension que sa signification d’avis, d’instruction justifie suffisamment. Quant aux Tantras, auxquels se joint, d’après la liste de M. Hodgson, ce titre d’Upadêça, ils forment une portion distincte de la littérature buddhique, sur laquelle je reviendrai en son lieu.

Il faut maintenant résumer en peu de mots les résultats de l’analyse à laquelle je viens de me livrer.

1o Des douze articles dont se compose la liste népâlaise, la même que celle des Chinois, deux noms, celui de Sûtra et celui d’Avadâna, désignent deux classes de livres ou de traités ; un seul, celui d’Upadêça, est synonyme d’une autre classe, celle des Tantras ; et comme les légendes rapportent, ainsi que les Sû-

  1. Notices, etc., dans Asiat. Res., t. XVI, p. 422.
  2. Landresse, Foe koue ki, p. 322.