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INTRODUCTION À L’HISTOIRE


d’autres, celle de l’état de Sakrĭd âgâmin ; les autres acquirent celle de l’état d’Anâgâmin ; quelques-uns, devenus mendiants, après être entrés dans la vie religieuse, obtinrent l’état d’Arhat. Les uns comprirent ce que c’est que l’Intelligence (Bôdhi) des Çrâvakas ; les autres, ce qu’est l’Intelligence des Pratyêka Buddhas ; d’autres, ce qu’est l’Intelligence suprême d’un Buddha parfaitement accompli ; d’autres reçurent les formules de refuge et les axiomes de l’enseignement, de telle façon que cette réunion d’hommes tout entière fut absorbée dans le Buddha, plongée dans la Loi, entraînée dans l’Assemblée.

Ânanda le Sthavira tenant ses mains jointes en signe de respect, parla ainsi à Bhagavat : Vois, ô vénérable, combien Bhagavat, au moment où il est parti pour arriver à l’anéantissement complet, a établi dans les vérités de centaines de mille de Dieux ! Plusieurs milliers de Rĭchis, sortis des cavernes des montagnes et des retraites des monts, se sont réunis ici. Ces Religieux ont été introduits par Bhagavat dans la vie religieuse. Par suite de leur application, de leurs efforts et des peines qu’ils se sont données, ils ont vu face à face l’état d’Arhat par l’anéantissement de toutes les corruptions. De nombreux Dêvas, Nâgas, Yakchas, Gandharvas, Kinnaras, Mahôragas, ont reçu les formules de refuge et les axiomes de l’enseignement. Plusieurs centaines de mille d’habitants de Vâiçâlî ont été établis dans la récompense de l’état de Çrota âpatti ; quelques-uns l’ont été dans celle de l’état de Sakrĭd âgâmin ; d’autres dans celle de l’état d’Anâgâmin. Quelques-uns, devenus mendiants, après être entrés dans la vie religieuse, ont obtenu l’état d’Arhat ; quelques autres ont été établis dans les formules de refuge et dans les axiomes de l’enseignement.

« Qu’y a-t-il donc d’étonnant, ô Ânanda [reprit Bhagavat], que j’aie aujourd’hui rempli ce devoir de l’enseignement, moi qui maintenant sais tout, moi qui possède la science sous toutes ses formes, qui ai acquis la libre disposition de ce qui doit être connu par la science suprême, qui suis sans désirs, qui ne recherche rien, qui suis exempt de tout sentiment d’égoïsme, de personnalité, d’orgueil, de ténacité, d’inimitié ? J’ai été, dans le temps passé, haineux, passionné, livré à l’erreur, nullement affranchi, esclave des conditions de la naissance, de la vieillesse, de la maladie, de la mort, du chagrin, des peines, de la souffrance, des inquiétudes, du malheur. Étant en proie à la douleur qui précède la mort, je fis cette prière : Puissent plusieurs milliers de créatures, après avoir abandonné la condition de maîtres de maison, et embrassé la vie religieuse sous la direction des Rĭchis, après avoir médité dans leur esprit sur les quatre demeures fortunées des Brahmâs, et renoncé à la passion qui entraîne l’homme vers le plaisir, puissent, dis-je, ces milliers de créatures renaître dans la participation des mondes de Brahmâ et en devenir les nombreux habitants ! »