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DU BUDDHISME INDIEN.

là même des Religieux livrés à l’étude des Sûtras, ou, comme on le traduit d’après Fa hian, des préceptes. Rien n’est en effet plus facile à comprendre que l’existence simultanée de plusieurs écoles buddhiques, et le témoignage du voyageur chinois est ici pleinement confirmé par celui des textes philosophiques dont nous parlerons plus bas dans la section consacrée à la métaphysique du Buddhisme, et où nous verrons une secte des Sâutrântikas, ou des sectateurs des Sûtras. Mais une fois reconnu ce point que les Sûtras simples ont appartenu à une école, et les Sûtras développés à une autre, par exemple à l’école du Mahâyâna, si nombreuse au IVe siècle de notre ère, il reste encore à rechercher si ces deux écoles sont également anciennes, c’est-à-dire si elles sont dues au seul fait de la rédaction des écritures buddhiques en trois grandes classes, fait qui, nous le dirons plus tard, appartient aux premiers temps de l’histoire du Buddhisme. C’est là, on le voit, le véritable point de la question, le point réellement historique. Car que l’on parvienne à établir que les Sûtras développés sont contemporains des Sûtras simples, et alors il faudra les mettre les uns et les autres sur le même rang, parmi les sources auxquelles il est permis de puiser la connaissance du Buddhisme primitif. Qu’il devienne possible au contraire de montrer que ces deux classes de livres appartiennent à des époques différentes, et il est à peine besoin de dire que l’une d’elle devra être placée à une distance plus grande que l’autre de l’époque où fut pour la première fois rédigée par écrit la doctrine de Çâkya. Si parmi les livres du Népâl existants aujourd’hui en France, il se trouvait une histoire du Buddhisme, ou seulement un résumé chronologique des principaux événements qui en ont marqué l’origine et le développement, la question que je viens de poser pourrait sans doute être résolue d’une manière directe. Mais l’histoire du Buddhisme nous manque jusqu’à ce jour à peu près complètement ; et quand il s’agit de déterminer, comme c’est ici le lieu, l’époque relative de deux ouvrages ou de deux écoles, on se place dans une sorte de cercle vicieux, en cherchant à déduire quelques données historiques de l’analyse d’ouvrages dont on ignore l’histoire. L’étude des textes eux-mêmes est cependant le seul guide que nous devions suivre pour sortir de ces obscurités ; et l’on sait quelles lumières a souvent jetées sur des faits entièrement ignorés de l’histoire l’examen comparatif des textes anciens. Aussi, malgré le silence que gardent les ouvrages buddhiques que j’ai consultés, sur les différences qui distinguent les Sûtras développés des Sûtras plus simples, et sur la question de savoir s’ils ont été les uns et les autres rédigés à la même époque ; malgré même la présomption que ce silence crée en faveur de l’opinion qui représente ces deux espèces de livres comme appartenant également à la première époque de la rédaction des