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DU BUDDHISME INDIEN.

« De même ces sophistes parlaient, pendant que le Tathâgata ne disait rien ; mais maintenant que le Buddha parfait a parlé, le sophiste ne dit plus rien dans le monde, et son auditeur se tait comme lui.

« Ensuite Prasênadjit, le roi du Kôçala, parla ainsi aux Tîrthyas : Bhagavat vient d’opérer, au moyen de sa puissance surnaturelle, des miracles supérieurs à ce que l’homme peut faire ; opérez-en aussi à votre tour. Mais les Tîrthyas gardèrent le silence à ces paroles, ne songeant qu’à partir. Deux fois le roi Prasênadjit leur tint le même langage. Alors les Tîrthyas se poussant les uns les autres, se dirent entre eux : Lève-toi, c’est à toi de te lever ; mais aucun d’eux ne se leva.

« Or en ce temps-là se trouvait dans cette assemblée Pâñtchika[1], le grand général des Yakchas. Cette réflexion lui vint à l’esprit : Voilà des imposteurs qui tourmenteront longtemps encore Bhagavat et l’Assemblée des Religieux. Plein de cette idée, il suscita un grand orage, accompagné de vent et de pluie, qui fit disparaître l’édifice destiné aux Tîrthyas. Ceux-ci, atteints par le tonnerre et par la pluie, se mirent à fuir dans toutes les directions. Plusieurs centaines de mille d’êtres vivants, chassés par cette pluie violente, se rendirent au lieu où se trouvait Bhagavat ; et quand ils y furent arrivés, ayant salué ses pieds en les touchant de la tête, ils s’assirent de côté. Mais Bhagavat disposa toutes choses de façon qu’il ne tomba pas même une seule goutte d’eau sur cette assemblée. Alors ces nombreuses centaines de mille d’êtres vivants firent entendre ces paroles de louange : Ah Buddha ! ah la Loi ! ah l’Assemblée ! ah que la loi est bien renommée ! Et Pâñtchika, le général des Yakchas, disait aux Tîrthyas : Et vous, imposteurs, réfugiez-vous donc auprès de Bhagavat, auprès de la Loi, auprès de l’Assemblée des Religieux ! Mais eux s’écrièrent en fuyant : Nous nous réfugions dans la montagne ; nous cherchons un asile auprès des arbres, des murs et des ermitages.

« Alors Bhagavat prononça, dans cette occasion, les stances suivantes :

« Beaucoup d’hommes, chassés par la crainte, cherchent un asile dans les montagnes et dans les bois, dans les ermitages, et auprès des arbres consacrés.

« Mais ce n’est pas le meilleur des asiles ; ce n’est pas là le meilleur refuge, et ce n’est pas dans cet asile qu’on est délivré de toutes les douleurs.

« Celui, au contraire, qui cherche un refuge auprès du Buddha, de la Loi et de l’Assemblée, quand il voit avec la sagesse les quatre vérités sublimes,

  1. Voy. les additions, à la fin du volume.