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DU BUDDHISME INDIEN.


sable, se précipita dans le lac froid et y trouva la mort. Cependant les autres mendiants, qui le cherchaient, ayant rencontré dans le chemin une courtisane, lui adressèrent cette question : Femme, n’as-tu pas vu, venant par ici, un certain Pûraṇa vêtu de la ceinture de la loi et portant un vase, selon l’usage de ceux qui se tiennent dans les cimetières ? La courtisane répondit : Condamné au séjour des tourments, condamné à l’Enfer, votre Pûraṇa, qui court les mains pendantes, périt avec ses pieds et ses mains blanches[1]. Femme, dirent les mendiants, ne parle pas ainsi ; cela n’est pas bien dit à toi : il accomplit la loi le solitaire qui est vêtu de la ceinture de la loi. Comment peut-il être sage, reprit la courtisane, celui qui, portant les signes de la virilité, se promène nu dans les villages, aux yeux du peuple ? Celui qui suit la loi couvre le devant de son corps d’un vêtement ; [sinon] le roi doit lui couper les oreilles avec le glaive[2].

Ensuite les mendiants se dirigèrent vers l’étang aux eaux froides ; et là ils virent Pûraṇa Kâçyapa mort et ayant fait son temps. Ils l’en retirèrent, et l’ayant placé dans un autre endroit, ils s’éloignèrent.

Cependant Bhagavat produisit une figure magique de Buddha, qui portait les trente-deux signes caractéristiques d’un grand homme, qui était rasée et couverte du vêtement religieux. Or c’est une règle que les Buddhas bienheureux discutent avec la figure magique qu’ils ont créée. Mais si c’est un Çrâvaka qui produit une figure magique, cette figure parle lorsque parle le Çrâvaka, et elle se tait lorsqu’il se tait. Quand un seul parle, toutes les figures magiques créées par lui parlent en même temps. Quand un seul garde le silence, toutes le gardent également. Bhagavat au contraire fait une question à sa figure magique, et cette figure en donne la solution ; car c’est là une règle pour les Tathâgatas vénérables, parfaitement et complètement Buddhas.

« Quand cette grande foule de peuple eut été ainsi favorablement disposée, Bhagavat, qui connaissait l’esprit, les dispositions, le caractère et le naturel de tous ceux qui l’entouraient, leur fit une exposition de la loi propre à leur faire pénétrer les quatre vérités sublimes, de sorte que parmi ces nombreuses centaines de mille d’êtres vivants, les uns reçurent avidement et comprirent les formules de refuge et les préceptes de l’enseignement[3], les autres virent face à face la récompense de l’état de Çrôta âpatti, celle des Sakrĭd âgamins et celle

  1. Est-ce ici une allusion à la pâleur de ces membres dans la mort ?
  2. Pûraṇa était donc un mendiant nu, et les mots « vêtu de la ceinture de la loi » sont une expression mystique indiquant sa nudité.
  3. Il y a ici quatre mots que j’ai omis, parce qu’ils brisent évidemment la phrase, où ils paraissent s’être introduits comme une glose dans un texte ; les voici : Mûrdhânaḥ kchântayô lâukikâ agradharmâḥ.