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AVERTISSEMENT.

Une histoire du Buddhisme, pour être complète, devrait donc, après avoir expliqué l’origine de cette religion, et exposé les vicissitudes de son existence dans l’Inde, la suivre hors de sa terre natale, et l’étudier chez les peuples qui l’ont successivement recueillie. J’ignore s’il est actuellement possible à un seul homme d’embrasser cet immense sujet, mais j’ai à peine besoin de déclarer que je n’ai pas eu la prétention de le faire. Je me suis spécialement attaché au Buddhisme indien ; et une fois mon sujet ainsi limité, j’ai borné mes désirs à composer une Introduction qui ouvrît la voie à des recherches plus étendues et plus profondes.

Cette observation me justifiera, aux yeux du lecteur, d’avoir fait un aussi sobre usage des matériaux que des savants du premier ordre ont extraits de livres étrangers à l’Inde, avec l’intention d’expliquer les dogmes religieux et philosophiques du Buddhisme en général. Il est bien loin de ma pensée de méconnaître la grandeur et le mérite de ces tentatives ; et on verra, dans le cours de ces Mémoires, avec quel empressement je me déclare redevable des éclaircissements les plus lumineux aux ingénieuses et profondes recherches d’un Abel Rémusat et d’un Schmidt. Mais on reconnaîtra aussi que je n’ai fait appel à leur témoignage que quand il m’a paru s’accorder avec celui des livres indiens qui font la base de mes Mémoires, ou lorsqu’il a pu, par sa divergence même, jeter quelque jour sur un point obscur ou controversé. Ce que je veux dire ici, c’est que pouvant consulter, grâce à la libéralité de M. Hodgson, une collection considérable de livres buddhiques rédigés en sanscrit, j’ai cru que mon premier devoir était d’analyser ces livres, et d’en extraire ce qui pouvait servir à la connaissance du Buddhisme de l’Inde. En un mot, comme j’avais, pour étudier cette religion indienne, des matériaux indiens, il m’a semblé que je ne devais recourir aux sources étrangères que dans les cas de nécessité absolue. Ce parti a eu à mes yeux un autre avantage ; il m’a dispensé d’afficher devant le public la prétention de parler de choses dont je n’avais pu faire une étude spéciale.