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INTRODUCTION À L’HISTOIRE

la classe du Vinaya n’est pas, comme celle des Sûtras, représentée dans la collection de M. Hodgson ? Serait-ce que les ouvrages relatifs à la discipline manquent dans cette collection, soit parce que M. Hodgson n’aurait pu en découvrir aucun, soit parce que ces ouvrages seraient en réalité beaucoup moins nombreux que les Sûtras ? L’examen attentif de quelques-uns des volumes de la collection népâlaise, comparés avec la liste des ouvrages renfermés dans le Kah-gyur tibétain, donne, si je ne me trompe, la solution de cette difficulté.

En étudiant l’analyse qu’a faite Csoma de la bibliothèque tibétaine, j’y ai reconnu un certain nombre de traités portant des titres qui se retrouvent dans la collection sanscrite découverte au Népâl par M. Hodgson. Ces traités, dont quelques-uns ont été cités au commencement du présent travail, appartiennent en général à la même classe dans l’une et dans l’autre collection ; et tel livre, qui se nomme Sûtra d’après la double autorité de la tradition népâlaise et du manuscrit même qui le renferme, fait partie, selon les Tibétains, de la catégorie des Mdo, c’est-à-dire des Sûtras. Mais on rencontre de fréquentes exceptions à cette régularité normale, et il y a des exemples d’ouvrages qui devraient, d’après leur titre sanscrit, être rapportés à une autre classe que celle que leur ont assignée les traducteurs tibétains. Quelques exemples suffiront pour me faire comprendre. La collection de M. Hodgson renferme un grand nombre de traités de peu d’étendue qui portent le titre d’Avadâna, titre que j’examinerai tout à l’heure, et sur lequel je me contente de remarquer qu’il est d’une application à peu près aussi fréquente que celui de Sûtra. Je crois même qu’en réunissant aux deux grands recueils du Divya avadâna et de l’Avadâna çalaka tous les traités de ce nom dispersés dans la collection népâlaise que nous possédons à Paris, on trouverait beaucoup plus d’Avadânas que de Sûtras. Mais plusieurs de ces traités ont exactement la forme des Sûtras, et en suivant une classification rigoureuse, il faudrait les séparer des ouvrages qui ont le titre d’Avadâna et qui n’offrent pas les caractères constitutifs d’un Sûtra véritable. Cependant la confusion que je signale ici se reproduit dans la collection tibétaine, et l’on rencontre parmi les Mdo ou les Sûtras un très-grand nombre de traités qui portent le titre d’Avadâna. La distinction de ces deux classes de livres n’est donc pas tellement tranchée qu’elles n’aient pu se placer l’une auprès de l’autre dans une classification très-large des écritures buddhiques.

Cela posé, il semblerait que tout ce que nous avons d’Avadânas sanscrits devrait se retrouver dans les trente volumes de Mdo tibétains. Il n’en est rien cependant, et plusieurs textes sanscrits qualifiés d’Avadânas ont pris place dans le Dul-va des Tibétains, qui n’est autre que le Vinaya vastu sanscrit. Je citerai entre autres le Pûrṇa avadâna, le Sam̃gha rakchita avadâna, le Sûkarikâ avadâna,