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INTRODUCTION À L’HISTOIRE

les Singhalais, exactement avec les mêmes titres, sauf le quatrième qui s’y lit Anguttara[1]. Elle n’est pas moins familière aux Chinois, et parmi les ouvrages buddhiques originaux dont font usage leurs auteurs, il en est peu qui soient plus fréquemment cités que les Âgamas. J’ai déjà rappelé le titre général de ces quatre recueils, en parlant des livres indiens qui ont dû être traduits à la Chine. J’ajoute ici que les quatre Âgamas sont nominativement cités, d’après une grande compilation chinoise, dans une note substantielle de M. Landresse sur le Foe koue ki[2]. Le quatrième Âgama y porte le titre qu’il a chez les Singhalais, Anguttara, ce qui donnerait à penser qu’il s’agit pour les Chinois des Âgamas du Sud, et non de ceux du Nord, si toutefois il existe touchant ces livres quelque différence entre les deux écoles. Je soupçonne cependant que les Buddhistes de la Chine connaissent également la dénomination népalaise, Êkôttara ; car c’est sans doute ce titre que M. A. Rémusat a déjà traduit, peut-être un peu obscurément, par « l’Âgama augmenté d’un[3]. » Il est probable que, pour les Buddhistes du Nord comme pour ceux du Sud, cette division, loin d’embrasser l’ensemble des écritures buddhiques, ne se rapporte qu’à la classe des Sûtras. Mais comme les textes sanscrits où je la trouve ne décident pas ce point, j’ai cru devoir la signaler ici, sauf à y revenir quand je comparerai les livres palis de Ceylan aux livres sanscrits du Népal.

La division en trois grandes classes, que j’ai exposée la première, nous montre le Buddhisme établi à titre de religion et de philosophie ; car elle embrasse la discipline, la morale et la métaphysique, et elle répond ainsi à tous les besoins auxquels la prédication de Çâkyamuni avait pour but de satisfaire. Mais elle n’est pas la seule qui soit connue au Népâl, et M. Hodgson nous a donné, ainsi que je l’ai dit plus haut, deux listes de livres buddhiques, rédigés d’après un système différent. Ces deux listes, qui ont été publiées, l’une en caractères européens et avec quelques détails sur les ouvrages dont elle se compose, l’autre en caractères dêvanâgaris, mais sans aucun éclaircissement, ont été également disposées sans égard pour la triple division en Sûtra, Vinaya et Abhidharma. On y voit, il est vrai, paraître très-souvent le nom de Sûtra ; mais les titres de Vinaya et d’ Abhidharma y manquent absolument ; et encore celui de Sûtra n’est-il pas mis en évidence, comme cela serait nécessaire si les compilateurs de ces listes eussent voulu indiquer que les Sûtras formaient à eux seuls une des trois grandes classes des écritures sacrées. La classification de la liste publiée en caractères dêvanâgaris est, suivant M. Hodgson, l’ouvrage du

  1. Turnour, Mahâvamso, Append., p. lxxv.
  2. Foe koue ki, p. 327.
  3. Journal des Savants, année 1831, p. 605 et 726.