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DU BUDDHISME INDIEN.

littéralement cause, origine, motif, et il désigne en particulier une catégorie de causes nommées « les douze causes, » dont il sera parlé plus tard, et que l’on peut toujours caractériser ainsi d’une manière générale : « l’enchaînement des « causes successives de l’existence. » Si c’est parce qu’un ouvrage s’occupe de ce sujet si familier aux Buddhistes qu’on l’appelle un Nidâna, ce sera en vertu d’une sorte d’extension semblable à celle que j’ai notée en examinant les précédents articles ; mais les textes n’autorisent pas cette explication, et ils en suggèrent une autre qui me paraît beaucoup plus probable : c’est que les Nidânas, ou les causes et les motifs, sont une partie que l’on trouve ou que l’on peut trouver dans les livres inspirés. Et en effet, le Lotus de la bonne loi nous offre un exemple de l’emploi qu’on fait de ce terme pour désigner le sujet ou la cause des apparitions miraculeuses qui frappent les auditeurs de Çâkya ; c’est même là le titre du premier chapitre de cet ouvrage. Je pense donc que quand la liste népâlaise dit que les Nidânas font partie des écritures buddhiques, cela veut dire qu’un des éléments qui entrent dans la composition des livres formant le corps de ces écritures, c’est le Nidâna, ou l’indication des raisons et des motifs. La définition des Buddhistes chinois confirme de point en point mon explication. « Le mot nidâna, disent-ils, signifie cause, raison pour laquelle, comme quand, dans les King, il y a quelqu’un qui demande la cause, et qu’on dit : c’est telle chose ; comme pour les préceptes, quand il y a quelqu’un qui transgresse ce qu’ils prescrivent, on en tire une conséquence pour l’avenir. C’est ainsi que le Ṭathâgata donne la raison pourquoi telle ou telle chose arrive. Tout cela s’appelle cause, raison pour laquelle, comme dans le livre sacré Hoa tching yu phin, où l’on explique la cause d’un événement par ce qui a eu lieu dans des générations antérieures[1]. » Cette explication ne laisse, à ce que je crois, aucun doute sur la véritable valeur du mot nidâna ; nous la verrons confirmée par le témoignage des Buddhistes de Ceylan.

7o « Ityukta. C’est tout ce qui est dit avec rapport à (quelque chose) ou en conclusion. L’explication de quelque discours précédent est un Ityukta. »

Cette définition peu claire ne donne qu’une idée imparfaite de la classe de livres qu’elle désigne. La liste népâlaise ne nous offre aucun exemple de l’application du titre d’Ityukta à un ouvrage déterminé. Nous n’avons donc, pour en comprendre la valeur, d’autre secours que l’analyse même du mot. Ce terme signifie « dit ainsi, dit comme ci-dessus ; » et il sert à indiquer et à clore une citation, qu’il sépare nettement de tout ce qui suit. On voit maintenant ce qu’il faut entendre par la définition népâlaise ; il est permis de supposer que s’il

  1. Landresse, Foe koue ki, p. 322.