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LE LOTUS DE LA BONNE LOI.

les chaînes des misères de la transmigration ; débarrassé des chaînes des misères, il est délivré de la réunion des trois mondes, où l’on entre par cinq voies. C’est pourquoi celui qui fait usage du véhicule des Çrâvakas sait ce qui suit, prononce les paroles qui suivent : Il n’y a plus désormais d’autres lois faites pour être connues par un Buddha parfaitement accompli, j’ai atteint le Nirvâṇa. Mais Bhagavat lui montre la loi : Comment, [dit-il,] celui qui n’a pas obtenu toutes les lois, aurait-il atteint le Nirvâṇa ? Bhagavat l’introduit alors dans l’état de Bôdhi. Ayant conçu la pensée de l’état de Bôdhi, le Çrâvaka n’est plus dans la révolution du monde, et il n’a pas encore atteint le Nirvâṇa. Se faisant une idée exacte de la réunion des trois mondes, il voit le monde vide dans les dix points de l’espace, semblable à une apparition magique, à une illusion, semblable à un songe, à un mirage, à un écho. Il voit toutes les lois, celles de la cessation de la naissance, comme celles qui sont contraires à l’anéantissement ; celles de la délivrance, comme celles qui sont contraires à l’affranchissement ; celles qui n’appartiennent pas aux ténèbres et à l’obscurité, comme celles qui sont contraires à la clarté. Celui qui voit ainsi les lois profondes, celui-là voit, à la manière de l’aveugle, les pensées et les dispositions diverses de tous les êtres qui remplissent la réunion des trois mondes.

Ensuite Bhagavat, pour exposer ce sujet plus amplement, prononça dans cette occasion les stances suivantes :

[f. 77 b.] 45. De même que les rayons du soleil et de la lune tombent également sur tous les hommes, sur les bons comme sur les méchants, sans qu’il y ait diminution ni augmentation de leur éclat ;

46. Ainsi la splendeur de la science du Tathâgata, semblable au soleil et à la lune, convertit également tous les êtres, sans augmenter ou sans diminuer [pour l’un ou pour l’autre].

47. De même que le potier qui fabrique des vases de terre, produit avec la même argile des vases divers, des vases pour la mélasse, le lait, le beurre clarifié et l’eau,

48. Quelques-uns pour le lait caillé, d’autres pour des substances impures ; et cependant, pour fabriquer tous ses vases, il ne prend que la même espèce d’argile ;

49. Et les vases ne sont distingués les uns des autres que par la substance qu’on y renferme ; de même, quoiqu’il n’y ait pas de différences entre les êtres, les Tathâgatas, se fondant sur la diversité de leurs inclinations,