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LE LOTUS DE LA BONNE LOI.

63. Le Çrâvaka intelligent qui est sorti de l’enceinte des trois mondes, se dit alors : J’ai atteint le pur, le fortuné Nirvâṇa. Ce n’est cependant que par la connaissance de toutes les lois que s’acquiert le Nirvâṇa immortel.

64. Mais c’est alors comme quand les grands Rĭchis, dans leur compassion pour l’aveugle, lui disent : Tu es un insensé, ne crois pas avoir acquis la science.

65. Car quand tu es assis dans l’intérieur de ta maison, tu ne peux, à cause de la faiblesse de ton intelligence, connaître ce qui se passe au dehors.

66. Ce que fait ou ce que ne fait pas un homme renfermé dans l’intérieur [de sa maison], tu ne le sais pas aujourd’hui en le regardant du dehors, comment donc, avec aussi peu d’intelligence, peux-tu dire que tu sais ?

67. Tu es incapable d’entendre ici la voix [d’un homme qui parlerait] à la distance de cinq Yôdjanas ; à bien plus forte raison, tu ne peux entendre une voix qui viendrait de plus loin.

68. Tu es hors d’état de reconnaître ceux qui ont pour toi des dispositions bienveillantes ou hostiles ; d’où te vient donc cet orgueil ?

69. S’il te faut aller seulement à la distance d’un Krôça, tu ne peux te passer de tes pieds ; tu as complètement oublié ce que tu as fait dans le sein de ta mère.

70. Celui qui possède les cinq connaissances surnaturelles, est le seul qui s’appelle en ce monde, Celui qui sait tout ; mais toi, qui ne sais absolument rien, c’est par erreur que tu dis : Je sais tout.

71. Si tu désires l’omniscience, mets-toi en possession des connaissances surnaturelles ; et pour en obtenir la possession, médite, retiré dans le désert, sur la loi qui est pure ; c’est ainsi que tu acquerras les connaissances surnaturelles.

72. Cet homme adopte donc ce parti, et, retiré dans le désert, il médite avec recueillement ; et bientôt, doué des qualités convenables, il a acquis les cinq connaissances surnaturelles. De la même manière tous les Çrâvakas s’imaginent qu’ils ont atteint le Nirvâṇa ; mais le Djina les instruit en disant : Ce n’est là qu’un [lieu de] repos, ce n’est pas là le Nirvâṇa.

74. Quelque doctrine que les Buddhas enseignent, c’est un effet des moyens dont ils disposent : il n’y a pas de Nirvâṇa sans omniscience ; c’est à l’omniscience qu’il faut s’appliquer.

75. La science infinie des trois voies [du temps], les cinq perfections accomplies, le vide, l’absence de toute cause, l’absence de tout objet ;

76. L’idée de l’état de Bôdhi, ainsi que les autres lois qui conduisent au Nirvâṇa, celles qui sont parfaites, comme celles qui ne le sont pas, qui sont calmes et semblables à l’espace ;