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Évolution des tumeurs. Elles sont constituées par des nodosités arrondies de la grosseur d’un pois ou d’une noisette, placées dans le tissu cellulaire ; la peau qui les recouvre est sensible, chaude, les poils sont hérissés à sa surface ; d’autres fois elles sont molles et œdémateuses. Elles peuvent être uniques ou multiples ; dans ce dernier cas, une traînée de tissu cellulaire infiltré les réunit à la manière des cordes faisant communiquer les boutons farcineux. Ces tumeurs grossissent à vue d’œil, acquièrent en peu de temps le volume de la tête d’un enfant ou d’un pain de quatre à six livres, et s’étendent dans tous les sens ; on constate alors une diminution de la chaleur et de la sensibilité.

M. Goux, d’Agen, a signalé un de leurs caractères principaux : lorsqu’on les presse on perçoit un frémissement local analogue à celui de l’ébullition sous-cutanée ; il serait dû, d’après cet écrivain, à la crépitation des gaz enfermés dans le tissu cellulaire emphysémateux qui les entoure.

Les engorgements ont les mêmes caractères, progressent en tout sens et surtout vers le cœur.

Les œdèmes charbonneux sont formés par une infiltration séro-sanguinolente dans le tissu cellulaire général et intermusculaire.

Si la maladie change de siège et qu’elle attaque les muqueuses, on voit apparaître des phlyctènes ou ampoules dont la grosseur varie depuis une noisette jusqu’à un œuf de poule. Ces phlyctènes se développent aussi sur les tumeurs et engorgements ; elles s’ouvrent, le poil tombe, et un liquide séreux, jaunâtre, corrosif s’écoule de leur intérieur. « Cette variété peut aussi se montrer sous forme de tâches brunes, noires, qui sont indépendantes des tumeurs si elles ne se trouvent à leur surface. »