Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 5-6, 1912.djvu/13

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marine. Si, depuis quelques années, on semble vouloir remilitariser l’armée ; si, en présence du réveil nationaliste, nos gouvernants dreyfusiens semblent vouloir redonner à l’armée son caractère véritable, croyez bien que ce n’est là qu’une apparence ; le but réel est, non pas de reprendre l’Alsace et la Lorraine, non pas de redonner à l’État français, appuyé sur une armée solide, le droit de parler haut et clair en Europe au lieu d’être réduit à cette sorte de demi-vassalité honteuse où il végète aujourd’hui : non, la France ploutocratique, avec son avocat, M. Poincaré, est toujours aussi pacifiste et n’a aucune visée guerrière ; le but réel, c’est, utilisant, exploitant le réveil du sentiment national que la propagande de l’Action française et la situation internationale tendue ont suscité, de créer un état d’esprit favorable aux desseins secrets de Sa Majesté la Ploutocratie car, remarquez-le bien, à la faveur de cette situation, on ferait coup triple : 1o on écraserait le mouvement ouvrier ; 2o on escamoterait le réveil nationaliste suscité par l’Action française et l’Action française elle-même, et 3o on accroîtrait encore les armements, source trois fois bénie de profits pour nos seigneurs et maîtres les gouvernants et les spéculateurs. Système, je le répète, trois fois admirable, et qui ne présente presque aucun risque, car il est manifeste que la Finance internationale ne veut pas la guerre, susceptible, comme le dit fort bien Pareto, de déplacer le centre du pouvoir politique : dans la crise actuelle, créée par l’offensive des peuples balkaniques, il est clair, en effet, que l’Angleterre, l’Allemagne et la France, c’est-à-dire les trois grandes nations ploutocratiques, font tous leurs efforts pour écarter les possibilités guerrières; on entend partout un bruit et un remuement d’armes ; l’Europe semble être à la veille d’une conflagration générale ; mais cette