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les quatre fils aymon

La chanson de geste finissait-elle d’abord au moment où Charlemagne est tombé au mains de ses adversaires ? Maugis avait épuisé ses ressources, disparaissait de l’action, et Charles était à la merci des Fils Aymon ; on admettait volontiers qu’il se réconciliait avec eux. Mais cette hypothèse est en désaccord avec la légende de Mérovig où l’on voit ce prince chercher un asile à Metz, puis à Thérouanne. J’accepterais donc plus aisément que les Fils Aymon se réfugièrent dans une ville dont nous ignorons le nom. Celui de Trémoigne y fut substitué sous l’influence sans doute de la confusion qui s’était faite dans les esprits entre Renaud et saint Ranvald que des monnaies prouvent avoir été honoré dans les provinces rhénanes dès la fin du Xe siècle[1]. À Trémoigne la paix était conclue, Bayard remis au roi et l’action s’arrêtait : un manuscrit d’Oxford en a conservé la preuve[2]. Mais de nouveaux trouvères crurent pouvoir ajouter trois suites : pèlerinage de Renaud, combat de ses fils, légende hagiographique de la fin de Renaud[3]. À vrai dire, l’élément épique traditionnel va tou-

  1. Le nom est écrit Renvad. J’emprunte ce fait si intéressant à M. L. Jordan (p. 126). Il l’a puisé dans Prutz, Abendland im Mitterlalter, p. 197. Il avait échappé à M. Pfaff qui a cependant si bien étudié la légende religieuse de Renaud dans l’introduction de l’édition de la version allemande populaire des Fils Aymon. M. Jordan conclut avec raison qu’il y avait, dès le Xe siècle, un saint Reinwald, honoré dans le voisinage de Cologne, car la monnaie porte un A caractéristique de Agrippina.
  2. V. plus bas la description du manuscrit 12.
  3. Dans l’article « Description d’un manuscrit des Quatre Fils Aymon et légende de saint Renaud » (Rev. des Lang. Rom., année 1901, t. XLIV, p. 32-53), j’ai réuni en partie les détails que M. Pfaff donne sur les reliques et le culte de Renaud en Allemagne (introduction du Livre populaire des Fils Aymon). Je ne puis qu’y renvoyer, en résumant un ou deux alinéas.

    Dès 1205, l’on constate l’existence d’une chapelle de Renaud à Cologne. En 1240, Jean de Stummel, doyen des Saints-Apôtres, reconstruisit la chapelle et le petit couvent qui s’y était ajouté. En 1447, Marguerite Waldecken réforma le couvent d’après la règle de saint Augustin et en fut la première supérieure. Elle y avait trouvé quatre Carmélites au vêtement gris. La chapelle possédait, en 1472, une châsse contenant la tête de Renaud (?) et d’autres restes du héros. Elle reçut des legs et des fondations pieuses. La dernière supérieure du couvent a été A.-E. Offermanns, en 1800. En 1804, chapelle et cloître furent détruits. Ils étaient situés à l’angle de la Marsilstein et de la Mauritiussteinweg, à l’endroit