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on voit s’effectuer une sorte de prolifération sur place des cellules purulentes. L’irritation n’est pas la période initiale des abcès métastatiques, car en ouvrant ces foyers au début il n’y a aucune trace d’inflammation ; on les voit formés d’une masse fibrino-albumineuse et de matière granuleuse ramollie. À l’École vétérinaire de Toulouse, des expériences ont été faites, venant à l’appui de la non-irritabilité ; M. Bonnaud a injecté de la poudre de charbon dans la jugulaire d’un cheval ; une faible quantité de poudre a été trouvée dans quelques capillaires du poumon, sans que celui-ci ait présenté des phénomènes inflammatoires pouvant faire croire au développement d’un abcès.

Le pus et les débris de caillots jouissent-ils exclusivement de la propriété de donner naissance aux abcès métastatiques ? Je crois, avec plusieurs observateurs, que toute matière organique est susceptible de produire les mêmes résultats. De la matière mélanique préalablement délayée dans l’eau a été injectée dans la jugulaire d’un sujet d’expérience sacrifié vingt-cinq jours après l’injection. À l’autopsie, les poumons ont présenté les lésions caractéristiques de la pneumonie chronique. Afin d’en terminer avec les abcès métastatiques, mettons en présence les opinions de Cruveilhier et de Virchow, pour en déduire des conséquences utiles au but que je me suis imposé. Pour Cruveilhier, les abcès métastatiques doivent leur formation à la présence, dans les capillaires, des globules du pus, le sérum étant regardé par lui comme dépourvu de toute propriété morbide. Les globules séjournent dans les capillaires, y déterminent une irritation, l’inflammation ou phlébite capillaire survient, et de nombreux abcès se manifestent. Virchow ne voit pas des globules purulents, il n’observe que les débris de caillots, auxquels il donne le nom d’embolies ; ces fragments sont