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dominait toute la pathologie ; il pensait, en effet, que toute inflammation était une phlébite en petit, que les kystes, les tubercules, le cancer, en un mot, toutes les altérations anatomiques importantes, étaient autant de conséquences de la phlébite. Là où aucune trace d’inflammation des veines ne se manifestait, il croyait voir une phlébite ; celle des os, disait-il, est la plus fréquente et la plus redoutable, parce qu’elle est ignorée ; c’est à elle que l’on doit le développement d’un grand nombre d’abcès métastatiques. On comprendra difficilement une pareille opinion ; mais avec elle, il sera facile d’expliquer le désaccord qui a régné et qui règne encore au sujet de l’inflammation des veines, avec elle on se rendra un compte exact du voile qui entoure l’origine véritable de cette maladie. Il y a trente ans environ, des doutes se sont élevés contre la théorie de Hunter, ces doutes étaient fondés, ils ont pris de l’extension.

Les études micrographiques, en effet, sont venues changer la face des choses et porter un grand coup à la vieille doctrine ; là où l’on croyait voir une inflammation, le microscope n’a rien distingué, l’inflammation ne peut se développer que sur des tissus organisés, traversés par des vaisseaux ; la séreuse des veines n’est pas dans ce cas.

La phlébite est-elle réellement caractérisée par l’inflammation de la membrane interne des veines ? les abcès métastatiques peuvent-ils exister en dehors de la présence de cet état pathologique ? Il n’est pas exact que la phlébite soit une inflammation, il n’est pas juste de dire que les abcès métastatiques indiquent toujours, irrévocablement, la présence de cette affection ; je vais en donner des preuves. L’inflammation de la membrane interne des veines est un fait pathologique impossible, et cela pour une raison tout-à-fait anatomique. Hunter pensait que la membrane interne