Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/10

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brillait par son calme, presque par sa solitude.

C’était le matin. Dix heures venaient de sonner. Il faisait une chaleur accablante, un soleil de feu, que Victor Hugo a appelé


Un de ces beaux soleils qui brûlent les Bastilles…

Notre maître de pension et nos maîtres d’études paraissaient fort émus.

Au lieu de faire sonner la cloche pour nous appeler en classe, comme d’habitude, ils déclarèrent aux élèves externes qu’ils pouvaient rentrer immédiatement chez leurs parents, voisins de l’institution ; ils ordonnèrent aux élèves pensionnaires d’écrire à leurs familles ou à leurs correspondants, pour que ceux-ci se hâtassent de les venir chercher.

Un congé ! Tout à coup, et sans qu’on en eût parlé dans le collège, sans circulaire du proviseur ! Cela nous intriguait tous.

Que se passait-il donc ? Nous avions déjà fêté la prise d’Alger : il ne s’agissait plus, évidemment, de cette victoire.

Seulement, la veille, mon père ne prononçait-il pas les mots de fatales ordonnances et de coup d’État ! Ne parlait-il pas de collision imminente ?

J’avais douze ans et demi. Je ne tardai point à comprendre que Paris commençait une insurrec-