Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/102

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Le journal le Globe fut leur organe, et Félicien David composa leurs cantiques.

Ils envoyèrent des prédicateurs habiles dans les départements, mais sans succès.

Quelques faits d’immoralité leur ayant été imputés, ils durent comparaître devant la cour d’assises de la Seine.

Le 27 août 1832, les journaux nous apprirent qu’Enfantin, Père suprême, partirait de sa retraite avec ses apôtres, ses fils et ses filles, à huit heures du matin. L’itinéraire des accusés, du Père et de la Famille, était tracé d’avance.

Avec quelques jeunes amis, j’allai sur le Pont au Change, pour voir le cortège saint-simonien.

À la tête de ces accusés marchait Enfantin, d’une façon lente et compassée.

Nous nous moquâmes, je l’avoue, de leur petite toque de velours rouge, de leur barbe assez longue et très soignée, de l’écharpe blanche ou rouge qui flottait en larges plis sur leurs épaules, de leur petite redingote bleue fort évasée sur le devant, et laissant voir un gilet blanc mystique dont l’ouverture était cachée, la ceinture noire qui leur ceignait les reins, et leur pantalon blanc.

Leur costume rappelait l’habillement florentin au seizième siècle.

Enfantin, à la pose étudiée, avait l’écharpe