Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/141

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Mon père tint la promesse qu’il m’avait faite. Pour lui plaire, je me mis en état d’être reçu bachelier ès lettres, je suivis les cours de l’école de Droit, et je devins avocat en même temps que mon camarade Armand Durantin ; — avocat sans cause, bien entendu, ne plaidant que dans les conférences, ces tournois judiciaires où le sort décide si l’on sera demandeur, défendeur ou ministère public.

Des conférences philosophiques et littéraires étaient fondées ou se fondaient, alors. C’étaient des écoles mutuelles d’art oratoire. On y traitait de tout et d’autres choses encore ; et la politique elle-même y avait des représentants.

Je fus admis dans une de ces conférences, qui tenait ses séances rue des Fossés-Saint-Jacques, et dont Lacordaire et Ozanam avaient été membres.

Là, je me trouvais en compagnie de Thouvenel, d’Alfred Maury, d’Armand Durantin, et de plusieurs apprentis avocats. Là, Thouvenel (depuis, ambassadeur et ministre) lut ses premiers travaux sur la navigation du Danube ; là, Alfred Maury (aujourd’hui, directeur des Archives nationales) lut ses premiers travaux d’archéologie ; là, je soutins, à la tribune, les doctrines romantiques, attaquées par quelques classiques de l’endroit.