Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/17

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a imperturbablement annoncé, en tirant les cartes devant nous, la rentrée du duc de Bordeaux (Henri V) dans le royaume de ses pères.

Henri V devait toujours revenir demain.

Les partisans d’un souverain tombé se bercent tous de ces illusions respectables ; mais, depuis 1789, aucun roi déchu, aucun prétendant n’est remonté en personne sur le trône de France.

Il n’y a eu d’exception que pour Napoléon Ier, à l’époque des Cent-Jours, — pendant laquelle s’opéra une réapparition fantastique du prisonnier de l’île d’Elbe, dirigé quelques mois après sur l’île de Sainte-Hélène.

Quoi que prétendit le vieux jurisconsulte, je portais fièrement ma cocarde, et je croyais, comme mon oncle et mon père, que tout était changé, puisqu’on avait « secoué la poussière qui ternissait ces nobles couleurs ».

Mon père applaudissait au triomphe des 221 députés opposants au ministère Polignac, et dont la réélection décida Charles X à violer la Charte ; il était heureux des ovations obtenues par La Fayette pendant son voyage dans le Midi, tandis que le duc d’Angoulême avait été accueilli froidement en Normandie.

Il était de l’avis du vieux général de 1789, disant à un ami, en mai 1830 : « Que voulez-vous ? Ils sont en arrière de trois siècles ; ce sont des fous :