Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/26

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contre leurs maîtres, c’est-à-dire contre leurs tyrans !

La cour des anciens, au collège Henri IV, longeait la rue Clovis, et, par-dessus le mur de clôture, nous jetions à nos camarades révoltés toutes sortes de vivres, — pains, pâtés, saucissons et autres comestibles, — afin que le congé « par force majeure » durât le plus longtemps possible ; un mois, s’il se pouvait.

Force resta à l’autorité. Tout se calma, après l’expulsion de quelques meneurs.

Bon gré, mal gré, il fallut reprendre le collier de misère, manger les durs haricots et le poisson mal cuit ; il fallut retomber sous la coupe, j’allais dire sous la férule de nos professeurs ; il fallut se bercer de l’espoir d’une revanche.

D’autres collèges, qui avaient aussi levé le drapeau insurrectionnel, n’y gagnèrent pas davantage. Ils perdirent des élèves. Voilà tout.

Notre pension, d’ailleurs peu nombreuse, ne chercha pas à imiter ces grands établissements.

Elle ne fit pas sa révolution politique ; mais elle avait fait sa révolution littéraire, elle avait abandonné les routes banales et cherché des chemins nouveaux.