Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/79

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expression de Chateaubriand, on ne leur pardonna pas cette conduite. On s’indigna surtout contre Guizot ; on se rappela qu’il avait fait le voyage de Gand ; on pressentit qu’il oserait bientôt, sous prétexte d’ordre public, accuser l’opposition d’être un obstacle à la liberté.

Oui, dans sa chaire de la Sorbonne, l’illustre Guizot, l’ancien homme de Gand, membre d’une sorte de triumvirat, monta l’imagination des jeunes gens qui l’écoutaient. Ses actes ensuite démentirent ses premiers discours ; et chaque fois qu’il préconisa la résistance, les républicains, ou seulement les libéraux avancés, lui jetèrent à la face le nom de transfuge. Son impopularité égala son « dédain » pour les démocrates ; sa réputation méritée, comme historien, subsista, heureusement pour sa mémoire, et elle n’a guère faibli depuis qu’il est mort.

Plusieurs notabilités de l’époque, caméléons politiques, sont restés célèbres à cause de leur valeur scientifique ou littéraire.

La génération de 1830 a eu cet inestimable avantage. L’homme d’État s’évanouissait, mais le penseur gardait son prestige.

Les doctrinaires, sans principes, hommes des circonstances, cherchaient à s’emparer du gouvernement, en même temps que « l’opposition dynastique » se formait, et que Thiers représen-