Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/98

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et grands, hommes ou femmes, personne ne manquait de s’y arrêter, pour regarder en riant la satire dessinée, nouvellement éclose au cerveau d’un artiste habile.

Philipon en composait d’ordinaire les légendes ; il inventait à tout instant quelque malice désopilante, et il ne tarda pas à se rendre célèbre en chargeant la figure du roi lui-même, — qu’il représenta sous la forme d’une poire molle.

Oh ! la poire ! quels éclats de rire elle excita ! Ce qu’il y avait de pire, c’est qu’elle ressemblait au modèle, c’est que les philippistes les plus renforcés ne pouvaient garder leur sérieux devant elle, bien qu’ils condamnassent cette irrévérencieuse fantaisie de Philipon.

Elle faisait les délices des légitimistes. Lorsque, en 1848, un d’entre eux publia la Révolution de juillet 1830 et le règne de Louis-Philippe Ier, pot-pourri tragi-comique en six cents couplets, il orna son livre d’un « portrait de Sa Majesté », c’est-à-dire d’une poire, avec ces deux vers au-dessous :


Il n’a pas voulu la réforme,
Il est aujourd’hui réformé.

Philipon s’était avisé, dans la Caricature, de représenter le piédestal de la place de la Con-