Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/259

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DE CïIAHFORT.' ' â35

lesempires.il voudrait trouver plus souvent, dans les âmes de ces guerriers , quelques traits de cet Ijéroïsme patriotique , noblement populaire , qui seul purifie , éternise la gloire des grands hommes, en la rendant précieuse à tout un peuple , et fait de leur nom pendant leur vie , et de leur mémoire après eux , une richesse publique , et comme un patrimoine national. O Duguesclin ! ce fut ta vr?.ie gloire , ta gloire la plus belle ! O toi ! qui, à ton dernier moment, recommandes le peuple aux chefs de ton armée; ah! qu'un ennemi , qu'un Anglais vienne déposer sur ton cercueil les clés d'une ville que ton nom seid continuait d'assié- ger ; qu'il ne veuille les mettre qu'à ce grand nom , et, pour ainsi dire, à ton ombre; j'admire l'éclat, les talens , la renommée d'un général habile : mais si j'apprends que ce même Duguesclin , ma- lade et sur son lit de mort , entendit , à travers les gémissemens de ses soldats et des peuples , re- tentir, dans la ville ennemie assiégée par lui-même, le signal des prières publiques adressées au ciel pour sa guérison; si je vois ensuite la France en- tière , je dis le peuple, arrêter de ville en ville, et suivre, consternée, ce cercueil auguste baigné des larmes du pauvre... Votre émotion prononce. Messieurs; elle atteste combien la véritable vertu , riîumanité , laisse encore loin derrière soi tous les triomphes , et que le ciel n'a mis la vraie gloire que dans l'hommage volontaire de tout un peupl<?. attendri.

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