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DE CHAMFORT. 2 45

et nées comme eux au même instant. C'est avec le même intérêt qu'ils se plaisaient à raconter que, dans leur jeunesse , leur parfaite ressem- blance trompait l'œil même de leurs parens : douce méprise, dont les deux frères s'applaudis- saient ! On aurait pu les désigner des lors, connue le fit depuis IVI. de Voltaire, par une allusion très- heureuse: -

O fratres Helenœ, lucida syderaL

consécration poétique qui leur assignait, parmi- nous , le rang que tiennent dans la fable ces deux jumeaux célèbres, jadis les protecteurs , et main- tenant les symboles de l'amitié fiaternelle. Mais , plus heureux que les frères d'Hélène , privés par une éternelle séparation du plus grand charme de l'amitié, une même demeure , un même appar- tement , une même table , les mêmes sociétés réunirent constamment IMjM. de la Ciu-ne : peines et plaisirs, sentimens et pensées, tout leur fut commun; et je m'aperçois que cet éloge ne peut les séparer. Et pourquoi m'en ferais-je un devoir? pourquoi M. de la Curne ne serait-il pas associé à l'éloge de son frère ? C'était lui qui secondait le plus les travaux de ^I. de Sainte-Palaye , en veil- lant sur sa personne , sur ses besoins, sur sa santé ; en se chargeant de tous ses soins domestiques , qu'un sentiment rend si nobles et si précieux. Heu- reux les deux frères sans doute! mais plus encore .

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