Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/286

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262 OEUVRES

]a capitale avant sa mort, ne put venir à l'acadé- mie sans proposer un nouveau plan , préliminaire indispensable , et sans lequel il est impossible de rien faire de bon. On sait qu'à dessein de triom- pher de la lenteur ordinaire aux corporations , il profita de l'ascendant qu'il exerçait à l'académie , pour exiger qu'on mît sur-le-champ la main à l'œuvre, prit lui-même la première lettre, distri- bua les autres à ses confrères, et s'excéda d'un travail qui peut-être hâta sa fin. Il voulait appor- ter le premier sa tâche à l'académie, et obtenir de l'émulation particulière ce que lui eût refusé l'in- différence générale. Il mourut : et avec lui tomba l'effervescence momentanée qu'il avait communi- quée à l'académie. Il résulta seulement de ses cri- tiques sévères et âpres, que les dernières lettres du dictionnaire furent travaillées avec plus de soin; qu'en revenant ensuite avec plus d'attention sur les premières , les académiciens , étonnés des fautes, des omissions, des négligences de leurs devanciers, sentirent que le dictionnaire ne pou- vait, en cet état, être livré au public, sans expo- ser l'académie aux plus grands reproches , et sur- tout au ridicidc : châtiment qu'elle redoute tou- jours, malgré l'habitude. Yoilà ce qui reculera, de plusieurs années encore , la nouvelle édition d'iui ouvrage cpii paraissait à peu près tous les vingt ans , et qui se trouve en retard précisément à l'époque actuelle , comme pour attester victo- rieusement l'inutilité de cette compagnie.

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