Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/363

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objet que de conformer la raison de l’enfance à la raison publique relativement à ces trois objets, quelle instruction donner, tant que ces trois objets se combattent ? En formant la raison de l’enfance, que faites-vous que de la préparer à voir plutôt l’absurdité des opinions et des mœurs consacrées par le sceau de l’autorité sacrée, publique, ou législative ; par conséquent, à lui en inspirer le mépris ?

— C’est une source de plaisir et de philosophie, de faire l’analyse des idées qui entrent dans les divers jugemens que portent tel ou tel homme, telle ou telle société. L’examen des idées qui déterminent telle ou telle opinion publique, n’est pas moins intéressant, et l’est souvent davantage.

— Il en est de la civilisation, comme de la cuisine. Quand on voit sur une table des mets légers, sains et bien préparés, on est fort aise que la cuisine soit devenue une science ; mais quand on y voit des jus, des coulis, des pâtés de truffes, on maudit les cuisiniers et leur art funeste : à l’application.

— L’homme, dans l’état actuel de la société, me paraît plus corrompu par sa raison que par ses passions. Ses passions (j’entends ici celles qui appartiennent à l’homme primitif) ont conservé, dans l’ordre social, le peu de nature qu’on y retrouve encore.

— La société n’est pas, comme on le croit d’ordinaire, le développement de la nature, mais bien