Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/369

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— Il faut qu’il y ait de tout dans le monde ; il faut que, même dans les combinaisons factices du système social, il se trouve des hommes qui opposent la nature à la société, la vérité à l’opinion, la réalité à la chose convenue. C’est un genre d’esprit et de caractère fort piquant, et dont l’empire se fait sentir plus souvent qu’on ne croit. Il y a des gens à qui on n’a besoin que de présenter le vrai, pour qu’ils y courent avec une surprise naïve et intéressante. Ils s’étonnent qu’une chose frappante (quand on sait la rendre telle) leur ait échappé jusqu’alors.

— On croit le sourd malheureux dans la société. N’est-ce pas un jugement prononcé par l’amour-propre de la société, qui dit : cet homme-là n’est-il pas trop à plaindre de n’entendre pas ce que nous disons ?

— La pensée console de tout, et remédie à tout. Si quelquefois elle vous fait du mal, demandez-lui le remède du mal qu’elle vous a fait, elle vous le donnera.

— Il y a, on ne peut le nier, quelques grands caractères dans l’histoire moderne, et on ne peut comprendre comment ils se sont formés : ils y semblent comme déplacés ; ils y sont comme des cariatides dans un entresol.

— La meilleure philosophie, relativement au monde, est d’allier, à son égard, le sarcasme de la gaîté avec l’indulgence du mépris.

— Je ne suis pas plus étonné de voir un homme