Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/384

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cours souveraines. On sent combien la netteté et la précision épargnent de querelles et de discussions, et combien le commerce de la vie devient commode et facile.

— L’amour de la gloire, une vertu ! Étrange vertu que celle qui se fait aider par l’action de tous les vices ; qui reçoit pour stimulans l’orgueil, l’ambition, l’envie, la vanité, quelquefois l’avarice même ! Titus serait-il Titus, s’il avait eu pour ministres Séjan, Narcisse et Tigellin ?

— La gloire met souvent un honnête homme aux mêmes épreuves que la fortune ; c’est-à-dire, que l’une et l’autre l’obligent, avant de le laisser parvenir jusqu’à elles, à faire ou souffrir des choses indignes de son caractère. L’homme intrépidement vertueux les repousse alors également l’une et l’autre, et s’enveloppe ou dans l’obscurité ou dans l’infortune, et quelquefois dans l’une et dans l’autre.

— Celui qui est juste au milieu, entre notre ennemi et nous, nous paraît être plus voisin de notre ennemi : c’est un effet des lois de l’optique, comme celui par lequel le jet d’eau d’un bassin paraît moins éloigné de l’autre bord que de celui où vous êtes.

— L’opinion publique est une juridiction que l’honnête homme ne doit jamais le connaître parfaitement, et qu’il ne doit jamais décliner.

— Vain veut dire vide ; ainsi la vanité est si misérable, qu’on ne peut guère lui dire pis que