Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/396

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perte des objets ou des plaisirs qui la rendaient le plus agréable.

— Quand on a été bien tourmenté, bien fatigué par sa propre sensibilité, on s’aperçoit qu’il faut vivre au jour le jour, oublier beaucoup, enfin éponger la vie à mesure qu’elle s’écoule.

— La fausse modestie est le plus décent de tous les mensonges.

— On dit qu’il faut s’efforcer de retrancher tous les jours de nos besoins. C’est surtout aux besoins de l’amour-propre qu’il faut appliquer cette maxime : ce sont les plus tyranniques, et qu’on doit le plus combattre.

— Il n’est pas rare de voir des âmes faibles qui, par la fréquentation avec des âmes d’une trempe plus vigoureuse, veulent s’élever au-dessus de leur caractère. Cela produit des disparates aussi plaisans, que les prétentions d’un sot à l’esprit.

— la vertu, comme la santé, n’est pas le souverain bien. Elle est la place du bien, plutôt que le bien même. Il est plus sûr que le vice rend malheureux, qu’il ne l’est que la vertu donne le bonheur. La raison pour laquelle la vertu est le plus désirable, c’est parce qu’elle est ce qu’il y a de plus opposé au vice.