Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/400

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trait de la reine au milieu d’une rose garnie de diamans.

— Un sot, fier de quelque cordon, me paraît au-dessous de cet homme ridicule qui, dans ses plaisirs, se faisait mettre des plumes de paon au derrière par ses maîtresses. Au moins, il y gagnait le plaisir de… Mais l’autre !… Le baron de Breteuil est fort au-dessous de Peixoto.

— On voit, par l’exemple de Breteuil, qu’on peut balloter dans ses poches les portraits en diamans de douze ou quinze souverains, et n’être qu’un sot.

— C’est un sot, c’est un sot, c’est bientôt dit : voilà comme vous êtes extrême en tout. À quoi cela se réduit-il ? Il prend sa place pour sa personne, son importance pour du mérite, et son crédit pour une vertu. Tout le monde n’est-il pas comme cela ? Y a-t-il là de quoi tant crier ?

— Quand les sots sortent de place, soit qu’ils aient été ministres ou premiers commis, ils conservent une morgue ou une importance ridicule.

— Ceux qui ont de l’esprit ont mille bons contes à faire sur les sottises et les valetages dont ils ont été témoins : et c’est ce qu’on peut voir par cent exemples. Comme c’est un mal aussi ancien que la monarchie, rien ne prouve mieux combien il est irrémédiable. De mille traits que j’ai entendu raconter, je conclurais que si les singes avaient le talent des perroquets, on en ferait volontiers des ministres.