Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/410

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pas à lui prodiguer les soins de la plus tendre amitié, à le soulager dans ses maux, à le consoler dans ses peines, à lui consacrer tous vos momens, à lui sauver dans l’occasion la vie ou l’honneur ; ne perdez point votre temps à ces bagatelles : faites plus, faites mieux, faites sa généalogie.

— Vous croyez qu’un ministre, un homme en place, a tel ou tel principe ; et vous le croyez parce que vous le lui avez entendu dire. En conséquence, vous vous abstenez de lui demander telle ou telle chose qui le mettrait en contradiction avec sa maxime favorite. Vous apprenez bientôt que vous avez été dupe, et vous lui voyez faire des choses qui vous prouvent qu’un ministre n’a point de principes, mais seulement l’habitude, le tic de dire telle ou telle chose.

— Plusieurs courtisans sont haïs sans profit, et pour le plaisir de l’être. Ce sont des lézards, qui, à ramper, n’ont gagné que de perdre leur queue.

— Cet homme n’est pas propre à avoir jamais de la considération : il faut qu’il fasse fortune, et vive avec de la canaille.

— Les corps (parlemens, académies, assemblées) ont beau se dégrader, ils se soutiennent par leur masse, et on ne peut rien contre eux. Le déshonneur, le ridicule glissent sur eux, comme les balles de fusil sur un sanglier, sur un crocodile.

— En voyant ce qui se passe dans le monde,