Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/469

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nouveaux, opéreront la révolution qui chassera les Anglais eux-mêmes des deux Amériques et de toutes les îles.

— L’Anglais respecte la loi, et repousse ou méprise l’autorité. Le Français, au contraire, respecte l’autorité et méprise la loi. Il faut lui enseigner à faire le contraire ; et peut-être la chose est-elle impossible, vu l’ignorance dans laquelle on tient la nation, ignorance qu’il ne faut pas contester, en jugeant d’après les lumières répandues dans les capitales.

— Moi, tout ; le reste, rien : voilà, le despotisme, l’aristocratie et leurs partisans. Moi, c’est un autre ; un autre, c’est moi ; voilà le régime populaire et ses partisans. Après cela, décidez.

— Tout ce qui sort de la classe du peuple, s’arme contre lui pour l’opprimer, depuis le milicien, le négociant devenu secrétaire du roi, le prédicateur sorti d’un village pour prêcher la soumission au pouvoir arbitraire, l’historiographe fils d’un bourgeois, etc. Ce sont les soldats de Cadmus : les premiers armés se tournent contre leurs frères, et se précipitent sur eux.

— On gouverne les hommes avec la tête : on ne joue pas aux échecs avec un bon cœur.

— Semblable aux animaux qui ne peuvent respirer l’air à une certaine hauteur sans périr, l’esclave meurt dans l’atmosphère de la liberté.

— Il faut recommencer la société humaine,