Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/476

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clamation : mais il se fût bien gardé de parler des obligations que, sous tous les rapports, la société française avait à ces classes révérées. Il eût craint de rappeler aux Français que leurs obligations envers ces classes se bornaient au souvenir d’en avoir été opprimés pendant plusieurs siècles, et d’avoir, grâces à elles, gémi, sans droits civils ni politiques, sous le poids de toutes les servitudes féodales, sacerdotales, etc.

Léopold n’eût parlé non plus qu’avec réserve des moines, des prêtres, de leurs biens devenus nationaux. Il eût craint de rappeler au souvenir des Belges la conduite de Marie-Thérèse à cet égard, et surtout celle de Joseph ii, qui chassa prêtres et moines de leurs églises, de leurs couvens ; et, les réduisant à des pensions beaucoup moindres que les pensions allouées aux prêtres français, s’empara de leurs propriétés, de leurs revenus, pour en mettre le produit dans une prétendue caisse de religion, c’est-à-dire, dans sa caisse particulière. Quant à la suppression du costume des moines et à l’attentat qui les prive de leurs capuchons, cet article est très-bien traité dans la proclamation actuelle ; c’est ce qu’il y a de mieux, vu qu’il peut faire effet sur une nombreuse classe de Belges dévots à Sainte-Gudule : s’il est ainsi, Léopold même aurait pu ne pas négliger ce texte. Ce sont là de ces considérations auxquelles la politique moderne ne manque jamais de déférer.