Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/58

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aujourd’hui à Racine , non moins admirable par ses écrits, encore plus intéressant par sa personne, plus simple , plus près de nous , compagnon de notre enfance , est devenu pour nous un ami de tous les momens. Mais , s’il est doux de louer La Fontaine; d’avoir à peindre le charme de cette morale indulgente qui pénètre dans le cœur sans te blesser, amuse l’enfant pour en faire un homme, l’homme pour en faire un sage , et nous mènerait à la vertu en nous rendant à la nature ; comment découvrir ie secret de ce style enchanteur, de ce style inimitable et sans modèle , qui réunit tous les tons sans blesser l’unité? Comment parler de cet heureux instinct, qui sembla le diriger dans sa conduite comme dans ses ouvrages ; qui se fait éi^alement sentir dans la douce facilité de ses mœurs et de ses écrits, et forma, d’une âme si naïve et d’un esprit si fin, un ensemble si picpiant et si original? Faudra-t-il raisonner sur le sentiment , disserter sur les grâces, et ennuyer nos lecteurs pour montrer comment La Fontaine a charmé les siens? Pour moi, messieurs, évitant de discuter ce cpii doit être senti, et devons offrir l’analyse de la naïveté , je tâcherai seulement de fixer vos regards sur le charme de sa morale , sur la finesse exc|uise de son goLit, sur l’accoïKl singulier f[ue l’un et l’autre eurent toujours avec la simplicité de ses mœ^urs ; et dans ces différens points de vue, je saisirai rapidement les principaux traits qui le caractérisent.