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44 OEUVRIS

terie au secours d'une raison sévère , ni cette du- reté niisantropique de La Bruyère et de Pascal , qui y portant le flambeau dans l'alnme du cœur humain , jette ime lueur effrayante sur ses tristes profondeurs. Le mal qu'il peint, il le rencontre; les autres l'ont cherché. I^ur eux, nos ridicules sont des ennemis dont ils se vengent : pour La Fontaine , ce sont des passans incommodes dont il songe à se garantir; il rit et ne hait point (i). Censeur assez indulgent de nos faiblesses, l'avarice est de tous nos travers celui qui paraît le plus ré- vol ter son bon sens naturel. Mais, s'il n'éprouve et n'inspire point

Ces haines vigoureuses Que dr)it donner le vice aux âmes vertueuses ,

au moins préserve-t-il ses lecteurs du poison de l.'i misantropie , effet ordinaire de ces haines. L'âme , après la lecture de ses ouvrages , calme, reposée, et , pour ainsi dire, rafraîchie comme au retour d'une promenade solitaire et champêtre, trouve en soi-même une compassion douce poiu^ rhiuiianiié, une résignation tranquille à la pro- vidence , à la nécessité, aux lois de l'ordre établi; enfin l'heureuse disposition de supporte»- patiem- ment l(*s défauts d'aulrui , et même les siens , le- roii qui iTcsl pett-étre |)as une des moindres cpie puisse d(!niiri- !;i phil<)S()])liic.

(i) Âidet cl odit. JvyÉ:s\L,

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