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ainsi , comment les étrangers , supérieurs à nous sur tant d'objets et si respectables d'ai heurs , pourraient-ils.... IVIais quoi ! puis-je hasarder cette opinion, lorsqu'elle est réfutée d'avance par l'exem- ple d'un étranger qui signale aux yeux de l'Eu- rope son admiration pour La Fontaine? Sans doute cet étranger illustre , si bien naturalisé parmi nous , sent toutes les grâces de ce style enchan- teur. La préférence qu'il accorde à notre fabuliste sur tant de grands hommes, dans le zèle qu'il montre pour sa mémoire, en est elle-même une preuve ; à moins qu'on ne l'attribue en partie à l'intérêt qu'inspirent sa personne et son carac- tère (i).

TROISIÈME PARTIE.

Un homme ordinaire qui aurait dans le cœur les sentimens aimables dont l'expression est si intéressante dans les écrits de La Fontaine , se- rait cher à tous ceux qui le connaîtraient ; mais le fabuliste avait pour eux ( et ce charme n'est point tout à fait perdu pour nous), un attrait encore plus piquant : c'est d'être l'homme tel qu'il paraît être sorti des mains de la nature. 11 semble qu'elle l'ait lait naître pour l'opposer à

��(i) On sait qu'un i-tranger demanda ii l'acadùinie de Marseille la permission de joindre la somme de deux mille livres à la médailU acadéniiquc.

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