Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/91

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DE CHAJMFORT. (jn

tjiielquefois , mais sans le conduire au précipice. L'amour , cette passion qui parmi nous se com- pose de tant d'autres , reprit dans son âme sa simplicité naturelle : fidèle à l'objet de son goût , mais inconstant dans ses goiits , il paraît que ce qu'il aima le plus dans les femmes , fat celui de leurs avantages dont elles sont elles - mêmes le plus éprises, leur beauté. ]Mais le sentiment qu'elle lui inspira , doux comme l'àme qui l'éprouvait , s'embellit des grâces de son esprit , et la plus ai- mable sensibilité prit le ton de la galanterie la plus tendre. Qui a jamais rien dit de plus flat- teur pour le sexe que le sentiment exprimé dans ces vers?

��Ce n'est point près des rois que Ton fait sa fortune Quciqu'ingrate beauté qui nous donne des lois, Encor en tire-t-on un souris quelquefois.

��C'est ce goût pour les femmes , dont il parle sans cesse , comme l'Arioste , en bien et en mal , qui lui dicta ses contes , se reproduit sans danger et avec tant de grâces dans ses fables mêmes , et conduisit sa plume dans son roman de Psyché. Cette déesse nouvelle , que le conte ingénieux d'Apulée n'avait pu associer aux anciennes divi- nités de la poésie , reçut de la brillante imagina- tion de La Fontaine une existence égale à celle des dieux d'Hésiode et d'Homère , et il eut l'hon- neur de créer comme eux une divinité. Il se plut

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