Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/129

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il8 ŒUVRES

quelque opération raisonnable, quelque chose d’honnête, pour le faire cli£tsser? »

— «Que peuvent pour moi, disait M, les

grands et les princes ? Peuvent-ils me rendre ma jeunesse ou m’ôter ma pensée, dont l’usage me console de tout ? »

— Madame de disait un jour à M : « Je

ne saurais être à ma place dans votre esprit, parce que j’ai beaucoup vu pendant quelque temps

M. d’Ur Je vais vous en dire la raison, qui est

en même-temps ma meilleure excuse. Je couchais avec lui ; et je hais si fort la mauvaise compagnie, qu’il n’y avait qu’une pareille raison qui pût me justifier à mes yeux, et, je m’imagine, aux vôtres. »

— M. de B voyait madame de L tous les

jours ; le bruit courut qu’il allait l’épouser. Sur quoi il dit à l’un de ses amis : « Il y a peu d’hom- mes qu’elle n’épousât pas plus volontiers que moi, et réciproquement. Il serait bien étrange que, dans quinze ans d’amitié, nous n’eussions pas vu combien nous sommes antipathiques l’un à l’autre. »

— a L’illusion, disait M, ne fait d’effet sur

moi, relativement aux personnes que j’aime, que celui d’un verre sur un pastei. Il adoucit les traits sans changer les rapports ni les proportions. »

— On agitait dans une société la question : Le- quel était plus agréable de donner ou de recevoir Les uns prétendaient que c’était de donner ; d’au- tres, que, qviand l’amitié était parfaite, le plai-