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seigneur et d’un fermier-général. Je lui appris ces deux circonstances chargées de détails qui aggra- vaient la faute de ces derniers. Il me répondit tranquillement : « Comment voudriez-vous que le monde subsistât, si les pauvres n’étaieipt pas con- tinuellement occupés à faire le bien que les riches négligent de faire, ou à réparer le mal qu’ils font? »

— On disait à un jeune homme de redemander ses lettres à une femme d’environ quarante ans, dont il avait été fort amoureux. « Vraisemblable- ment elle ne les a puis. — Si fait, lui répondit quelqu’un ; les femmes commencent vers trente ans à garder les lettres d’amour. »

— M... disait, à propos de l’utilité de la retraite et de la force que l’esprit y acquiert : « Malheur au poète qui se fait friser tous les jours ? Pour faire de bonne besogne, il faut être en bonnet de nuit, et pouvoir faire le tour de sa tète avec sa main. »

— Les grands vendent toujours leur société à la vanité des petits.

— C’est une chose curieuse que l’histoire de Port-Pioyal écrite par Racine. 11 est plaisant de voir l’auteur de Phèdre parler des grands desseins de Dieu sur la mère Agnès.

— D’Arnaud, entrant chez M. le comte de Frise, le vit à sa toilette ayant les épaules couvertes de ses beaux cheveux. « Ah ! Monsieur, dit-il, voilà vraiment des cheveux de génie. — Vous trouvez,