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DE CHAMFORT. l6l

Telles impositions qu’elles occasionnèrent, ren- dirent ce fardeau toujours plus insupportable. Mais ce qui fut encore plus funeste, c’est qu’elles prolongèrent l’ignorance et la barbarie de la nation.

Ia renaissance des lettres, au seizième siècle, paraissait devoir amener celle de la raison: mais, égarée dès ses premiers pas dans le dédale des disputes religieuses et scholastiques, elle ne put servir aux pi-ogrès de la société ; et cinquante ans de guerres civiles, dont l’ambition des grands fut la cause et dont la religion fut le prétexte, plongèrent la France dans un abîme de maux dont elle ne commença à sortir que vers la fin du règne de Henri iv. La régence de Marie de Médicis ne fut qu’une suite de faiblesses, de désordres et de déprédations. Enfin Richelieu parut, et l’aris- tocratie féodale sembla venir expirer au pied du trône. Le peuple, un peu soulagé, mais toujours avili, compta pour une vengeance et regarda comme un bonhein- la chiite de ces tyrans subal- ternes écrasés sous le poids de l’autorité royale. C’était sans doute un grand bien, puisque le mi- nistre faisait cesser les convulsions politiques qui tourmentaient la France depuis tant de siècles. Mais qu’arriva-t-il ? Les aristocrates, en cessant d’être redoutables au roi, se rendirent aussitôt les soutiens du despotisme. Ils restèrent les prin- cipaux agens du monarque, les dépositaires de presque toutes les portions de son pouvoir. II I ï