Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/175

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et (les bagatelles, dont ils avaient été profondé- ment occupés. Les titres, les noms, les grands continuèrent d’être leurs idoles, même sous îa régence, pendant laquelle ces idoles n’avaient pourtant rien négligé pour s’avilir. Ce frivole égarement, cette folie servile, se perpétuèrent, à travers les maux publics, jusqu’au milieu du règne de Louis xv.

Alors on vit éclore en France le germe d’un esprit nouveau. On se tourna vers les objets utiles; et les sciences, dont les semences avaient été je- tées le siècle précédent, commencèrent à produire quelques heureux fruits. Bientôt on vit s’élever ce monument littéraire si célèbre (i), qui, ne pa- raissant offrir à l’Europe qu’une distribution fa- cile et pour ainsi dire l’inventaire des richesses de l’esprit humain, leur en ajoutait réellement de nouvelles, en inspirant de plus l’ambition de les accroître. Voltaire, après avoir parcouru la cairière des arts, attaquait tous les préjugés su- perstitieux dont la ruine devait avec le temps entraîner celle des préjugés politiques. Une nouvelle classe de philosophes, disciples des précédons, dirigea ses travaux vers l’étude de l’économie sociale, et soumit à des discussions approfondies des objets qui jusqu’alors avaient paru s’y soustraire. Alors la France offrit un spec- tacle singulier ; c’était le pays des futilités, où la

(i) L’Encyclopédie.