Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/184

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DE CnAMFORT. 13

les privilégiés au sacrifice do leurs exemptions p<’cuu:uires ; et elle coniiiieiirait à redouter cette nouvelle puissance du peuple, près de se diriger contre d’antres avantages des privilégiés qu’elle voulait maintenir. Dans cette lutte de la noblesse et de la nation, le clergé semblait s’offrir comme médiateur ; et bien qu’opposé à la vérification des pouvoirs en commun, il ne s’était point constitué en chambre séparée, comme les nobles s’étaient hâtés de ie faire. Les communes, réduites à l’inac- tion par l’absence de leurs collaborateurs, s’aper- cevaient tous les jours c[ue leur force d’inertie devenait une puissance formidable ; et, secondées par quelques prêtres vertueux, par quelques nobles éclairés, qui ne virent le salut de la patrie que dans une prompte réunion au parti popu- laire, elles osèrent enfin, apiès une mûre déli- bération, se constituer en assemblée nationale : c’était déclarer ce qu’elles étaient, la nation. Cette grande et sublime mesure remplit le peuple d’un nouvel enthousiasme pour ses représentans, et fit trembler la cour, les ministres, les nobles et les prêtres, avertis alors de lenr faiblesse. Ce fut en vain qu’ils se liguèrent, ou plutôt que leur ligue, jusqu’alors secrète, se manifesta par des signes évidens. i\Iais il esL trop tard : le colosse national s’était élevé à sa véritable hauteur, et tout devait dès lors fléchir ou se briser devant lui. Une autre délibération, plus subite et non moins hardie, avait, en conservant provisoirement les