Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/190

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DE CHAMFORT. I ng

cessives, récentes et accumulées, qu’ont fait naître tous les grands événemens de la révolution.

Quel contiaste entre ce jour de concorde, de fraternité sociale, et cet autre jour qui suivit bientôt après, où le roi vint parler en maître moins à ses propres esclaves qu’aux esclaves des privilégiés! Une garde nombreuse entoure la salle des états ; des barrières en écartent le public. Le roi commande qu’on délibère par ordres et en chambres séparées ; il dicte ses lois, et sort. La noblesse, une partie du clergé, le suivent : les communes restent. Un appariteur royal se pré- sente, intime l’ordre de sortir. L’étonnement et l’indignation remplissaient toutes les âmes. Un citoyen se lève, et prononce ces paroles, gravées depuis sur sa statue et dans le cœur de tous les Français : « Allez dire à ceux qui vous envoient « que nous sommes les représentans de la nation « française, et que nous ne sortirons d’ici que par « la puissance des baïonnettes. Tel est le vœu de la « l’assemblée. » Ce fuî le cri de tous, la réponse unanime. Un nouveau serment confirme le pre- mier ; et cette journée, d’abord si menaçante pour la liberté publique, ne fit que l’affermir sur ses bases désormais inébranlables.

Si les petites circonstances ne servaient quel- quefois à réveiller de grandes idées ou du moins à y ajouter un nouvel intérêt, nous nous abs- tiendrions de rappeler une anecdote oubliée et comme perdue dans les grands mouvemens de la