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caises, non pas une violence de prétoriens, ni une révolte de janissaires, comme le souhai- taient nos ennemis, mais un égarement passager d’hommes hvrés entièrement à des idées miU- taires, étrangers aux idées civiques, et privés des instructions que la constitution seule peut faire passer jusqu’à eux. Nous terminerons cet article par le récit d’un fait jusqu’ici peu connu, et qui montre à-la-fois leur loyauté, leur inconséquence, leur grandeur d’âme, et une indiscipline qui pou- vait devenir funeste, sans le courage, le sang froid et le sage héroïsme du général la Fayette. Après avoir obtenu du roi la permission de s’enrôler dans la garde nationale parisienne, il leur prend fantaisie d’avoir des cartouches de leur ancien major. Ils se portent de nuit, au nombre d’envi- ron deux mille, à l’hôtel de M. de Mathan et dans les rues adjacentes. Cet officier, plein de sens et de mérite, leur représente que, maintenant qu’ils sont, de l’agrément du roi, à la ville de Paris, s’ils veulent des cartouches de congé, c’est au commandant la Fayette à leur en donner, comme leur général. Les têtes s’échauffent, la fermenta- tion s’accroît et devient effrayante. Cinquante sont détachés pour aller chercher, à l’instant même, à trois heures du matin, le général la Fayette. Pendant qu’ils y courent, on dispose des canons, on s’échauffe mutuellement par des me- naces, par des propos injurieux contre lui. Le dé- tachement arrive à l’hôtel du commandant, et lui