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même ils maltraitèrent, dit-on, dans sa fuite ( : ). Mais revenons à cette après-midi du 11 juillet, dont l’époque sera si fameuse dans l’histoire de la révolution. Tandis que M. de Lambcsc était occupé d’un côté, d’autres troupes étrangères, postées en difiérens faubourgs, firent aussi quel- ques incursions dans les rues voisines, et contri- buèrent à augmenter la fermentation. Les citoyens de ces quartiers éloignés des Tuileries, crurent tous avoir couru le même péril que ceux qui s’étaient promenés dans ce jardin. Dès le soir même de cette journée mémorable, l’indignation contre les soldats étrangers fut générale : il sem- blait qu’ils eussent cessé d’être des troupes royales ; on ne voyait plus en eux que des ennemis et des Allemands. On paraissait au contraire ne voir que des amis dans les soldats français ; le peuple pressentait, comme le disait en ce même temps un orateur célèbre, qu’ils oublieraient un mo- ment leur qualité de soldats pour se souvenir qu’ils étaient hommes. C’est ce que craignait le despotisme, malgré son aveuglement ; et voilà pourquoi il s’était environné de troupes étran- gères. Trois régimens suisses étaient campés au

(i) Il est à remarquer que, quelques jours après la fuite de M. de Lambesc, le peuple s’étant porté en foule à sa maison pour la détruire, la garde nationale, quoique partageant le ressentiment de chaque individu contre cet homme féroce, n’en fut ni moins prompte ni moins zélée à la préserver de l’isicendie.